- Bloody Maiden
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[Avancé] Catalogue de figures de style pour vos récits
Mar 22 Aoû - 1:00
Ladies and Gentlemen, je vous retrouve, moi, Lady Bloody Maiden, pour un nouveau topic consacré à l'écriture. Cette fois-ci, je vais passer sur quelque chose d'assez long mais extrêmement nécessaire pour tout littéraire et tout écrivain. Dans les histoires, quelque chose revient souvent dans les dialogues et descriptions. Ce sont les figures de style. Si je vous parle d'antanaclase, d'hyperbate, de métalepse ou de lapalissade, ces mots ne vont peut-être pas vous dire grand chose à première vue. Or, ce sont des figures de style. Je sais que LinksTheSun a dédié un très bon Point Culture sur les figures de style.
On les retrouve absolument partout. Elles servent à étoffer une narration; donner un effet comique; s'adresser au lecteur; plonger le lecteur dans un état d'incompréhension, ou au contraire, le faire s'imaginer certaines scènes. Un récit ne peut pas se passer de figures de style. C'est quelque chose d'inconcevable en soi.
Donc, si jamais vous êtes amenés à vouloir placer certains effets de style dans vos écrits, peu importe le but de cet écrit (pour le fun, pour les cours, un roman, une pièce de théâtre, un discours, un poème, ...), ce topic vous sera plus qu'utile.
J'ai classé ces figures de style par ordre alphabétique avec des exemples détaillés pour certains, moins pour d'autres parce qu'ils n'avaient pas besoin d'être exemplifiés. Je n'ai pas placé un extrait de ma propre fanfiction, si ce n'est qu'une phrase de ma préface.
Allons-y
- Accumulation / Énumération: Figure de base. On énumère pléthore d'éléments d'une même catégorie pour créer une sensation d'abondance. Voici un exemple tiré de ma préface au Démon d'un autre monde:
- Allégorie : Il s'agit de représenter une figure abstraite sous des traits animés. On a un peu affaire à une sorte de métaphore … La plus connue est Marianne, la figure allégorique de la France ; ou bien Oncle Sam aux USA. La figure de la Mort comme une faucheuse est une allégorie.
- Allitération / Assonance: Je les mets ensemble. Celles-ci sont très connues et utilisées à foison en poésie et en théâtre. Elles permettent d'accentuer les propos tenus par l'interlocuteur et en augmente la portée. On commet souvent l'erreur de dire que l'allitération est la répétition d'une consonne et l'assonance de voyelle. Erreur ! En réalité, le jeu se fait sur les sonorités. On ne parle pas de lettres mais de sons. Exemples:
- Allusion : Oui, c'est une figure de style. On parle de quelque chose sans pour autant le mentionner directement. Un exemple musical avec Sting dans sa chanson ''Russians'' : ''How can I save my little boy / From Oppenheimer's deathly toy ?'' Ici, l'expression ''Oppenheimer's deathly toy'' est une allusion à la bombe atomique, Oppenheimer étant désigné comme le ''père de la bombe atomique''.
- Amphigouri : Un amphigouri est un discours ou un texte délibérément confus et obscur dans un but comique. Dans le même registre, on a le galimatias et le phébus. Ou bien le charabia. L'exemple le plus célébre est le discours incompréhensible de Sganarelle dans le Médecin malgré lui de Molière.
- Anacoluthe / Anantapodoton : J'aurais bien ajouté le zeugma mais je le mets à part. L'anacoluthe désigne une rupture de construction syntaxique dans une phrase. Il n'est pas très répandu en roman, sauf si vous jouez sur une logique syntaxique. L'exemple phare nous vient de Blaise Pascal qui nous dit : ''Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait été changée.''. Le syntagme ''Le nez de Cléopâtre'' ne devrait pas tellement se trouver en début de phrase. Il y a un effet d'insistance sur ce qu'on place en début de phrase.
Et l'anantapodoton est un peu différente dans le sens où on substitue une structure syntaxique du début d'une phrase, présentant une alternative, par une formule brève.
- Anadiplose : Il s'agit ici de reprendre une construction syntaxique présente à la fin d'une phrase, et la replacer au début de la phrase suivante.
- Analepse vs Prolepse : Je n'ai pas envie de faire deux sujets différents. Et je n'ai pas d'exemples pour. J'ai juste deux synonymes qui sont adaptés au domaine cinématographique. Pour analepse, il y a ''flashback'' et prolepse ''flashforward''. Clair à comprendre. De plus, en stylistique, la prolepse, c'est l'attribution anticipée d'une propriété à l'objet/sujet, et elle ne sera acquise qu'une fois que l'action exprimée par le verbe a été accomplie. Exemple de prolepse stylistique :
- Anaphore: C'est une figure qui peut être très lourde quand elle n'est pas maîtrisée. Il s'agit de la répétition d'un mot ou groupe de mots en début de phrases. Elle s'applique plus en théâtre et en poésie. Exemple:
- Anastrophe : Cette figure de style ne vous dit peut être rien mais pourtant, les fans de SF devraient pouvoir reconnaître l'identité de la personne qui a pu dire ceci : ''Le côté obscur de la Force, redouter tu dois''. Ça ne vous dit rien ? Eh si, c'est bien Maître Yoda qui parle de manière anastrophique. Et donc, maintenant, vous savez ce qu'est une anastrophe : Une inversion dans la construction de la phrase.
- Antanaclase: Celui-là, je l'adore. Il s'agit de la répétition d'un mot dans une phrase, sauf que celui-ci a une définition différente. L'exemple le plus célèbre provient des Pensées de Pascal: "Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas.'' Le mot "raison" a ici deux significations distinctes.
- Antilogie : Plus adapté dans un registre oral mais qui peut se révéler très sympa quand il s'agit d'imposer un registre comique. Comme son nom l'indique un peu, il s'agit d'une contradiction entre deux idées dans une même phrase.
- Antimétabole : C'est une sorte de chiasme mais la définition est en partie différente. Elle consiste en une répétition de mots apparaissant en début de phrase à la fin de celle-ci mais avec un sens qui lui, est, totalement différent d'une partie à l'autre. C'est une figure de style qui joue sur l'élocution (la façon dont on s'exprime).
- Antiphrase : Similaire à l'ironie ou l'euphémisme qui seront étudiées plus tard, l'antiphrase consiste à exprimer une phrase positive tout en sous-entendant le contraire. C'est assez sympa de la placer dans des passages très ironiques.
- Antithèse / Oxymore : Deux figures d'opposition très semblables. L'antithèse consiste en un rapprochement de deux termes opposés. L'oxymore est plus compliqué, car il consiste en une juxtaposition de deux termes opposés.
- Antonomase : Plutôt simple et très courant dans la vie de tous les jours. Il s'agit d'employer un nom propre en tant que nom commun, ou inversement. On a ça dans les marques publicitaires, les unités de mesures physique, des inventeurs, etc …
- Aposiopèse : Alors, celle-là, je ne suis pas sûr que vous la connaissez. Cette figure de style consiste en une suspension du sens de la phrase. Le lecteur doit alors la compléter. Elle révèle une émotion ou une allusion qui se traduit par une rupture du discours. C'est comme si le personnage se retenait de parler. Et pour ça, rien de mieux que ces chers points de suspension qu'affectionne votre Bloody.
- Apostrophe : C'est une figure de rhétorique très théâtrale. En gros, c'est une interpellation d'une personne. Exemple : ''Messieurs ! En joue ! Feu !''
- Chiasme : Très connu. Il consiste en un croisement d'éléments dans une phrase sur un modèle ABB'A' (je tue le premier qui me fait une remarque sur le groupe de musique). Cela permet d'établir des parallèles ou de souligner une union ou une antithèse dans une phrase. Et il y a des variantes grammaticales, sémantiques, phonétiques, ergatif et multiples :
- Cliché : Aussi une figure de style. Répétition d'une image ou d'une tournure très prévisible dans le domaine littéraire et artistique : ''Une chevelure de feu'' pour désigner une rousse
- Comparaison : Sans doute la plus basiques des figures de style. Je crois que je ne vais pas m'attarder et que trois exemples vous suffiront.
- Digression : C'est assez simple à comprendre. Il s'agit d'un changement temporaire de sujet en plein récit, pour faire intervenir le narrateur/auteur ou bien quelque chose qui se déroule en parallèle. C'est utile parce que ça permet de faire des pauses dans le fil des événements, d'aménager des divertissements, de l'ironie ou un commentaire de l'auteur. En gros, une digression, c'est un moment où l'auteur s'adresse directement au lecteur pour lui expliquer certaines choses. Le maître en la matière est Honoré de Balzac qui, dans la plupart de ses romans, trouve l'astuce pour placer trois pages pour décrire un simple meuble. Un autre roman qui recèle de digressions, c'est Jacques le fataliste et son maître de Diderot.
- Ellipse / Brachylogie : Au niveau grammatical, l'ellipse correspond à une omission d'un ou de plusieurs éléments qui devraient être nécessaires pour la compréhension du texte, dans une optique de raccourci. Et en narratologie, l'ellipse, c'est une accélération dans la narration (passer une année en un chapitre par exemple).
- Énallage : C'est une faute de grammaire en gros. On remplace un mot par un mot d'une catégorie grammaticale différente mais qui donne toujours du sens à la phrase. Les exemples seront plus convaincants je pense. Ça montre une certaine idée de légèreté dans la langue principalement orale.
- Épanaphore: Y a "anaphore" donc c'est semblable. En fait, c'est une répétition qui se prête plus en rhétorique. On répète des groupes de mots en début de phrase tout en conservant la même construction de la phrase.
- Épanadiplose: Il s'agit d'une répétition d'un mot en début et fin de proposition. L'effet produit est visuel. Exemple: « L'homme peut guérir de tout, non de l'homme. », Georges Bernanos, Nous autres Français
- Épanorthose : Je sais que le préfixe en ''épan-'' est gonflant mais ça vient des Grecs. Ici, elle peut être très précieuse dans un discours ou surtout dans une description. Il s'agit de corriger une affirmation que le narrateur / locuteur en y ajoutant quelque chose de plus frappant. Ça permet donc d'insister sur ce qu'on veut dire. L'exemple le plus célèbre est
- Épiphore : C'est l'inverse d'une anaphore. Au lieu d'une répétition en début de phrase, l'épiphore survient en fin de phrase. Je n'ai pas d'exemple parce que c'est obvious.
- Épizeuxe: Un nom qui vous fait penser "WHAT THE F**K ?" mais qui est on ne peut plus simple. Un exemple est plus simple que des mots:
"Cet article est pénible à écrire, je le sais, je le sais" (Bloody Maiden devant son ordi)
Voilà ... ce qui est souligné devrait vous permettre de comprendre ce qu'est l'épizeuxe. C'est pas si compliqué que ça, ça donne un effet d'emphase et d'insistance sur la phrase.
- Gradation : C'est un peu le même principe d'une accumulation mais, comme l'étymologie du mot le montre, le préfixe ''grad-'' indique qu'il y a une escalade de l'intensité. En effet, la gradation exprime une intensité soit positive soit négative.
- Homéotéleute: Celui-là, on ne l'entend pas souvent :3 Mais il donne une touche de poésie à votre texte. En fait, il s'agit de la répétition d'un même son en fin de phrase ou groupe de phrase. Il s'applique à peu près partout, que ce soit en littérature, en rhétorique, en musique ou même en publicité:
- Hypallage : Utilisée en rhétorique, une hypallage désigne une construction de mots où deux termes sont reliés syntaxiquement, plutôt que d'être reliés à un troisième. Exemple tiré du sport :
- Hyperbate : L'hyperbate est une figure de style qui consiste à séparer deux mots qui seraient assemblés en temps normal, en intercalant plusieurs autres mots. En gros, c'est un prolongement de la phrase. On met un mot en relief en le rejettant à la fin. Figure assez rare et difficile à mettre en place dans un roman.
- Hyperbole : C'est une amplification poussée parfois à l'extrême. Pour les descriptions, c'est très intéressant parce que ça permet de renforcer les traits d'une personne.
Exemple : ''avoir la peau sur les os'', ''mourir de soif'', ''c'est un géant'' (pour dire de quelqu'un qu'il est très grand), ''un dieu vivant''
- Hyperhypotaxe : Alors … si vous utilisez cette figure de style, c'est à vos risques et périls face à un lecteur averti. En gros, il s'agit de remplir sa phrase de subordonnées, le tout avec une certaine incompréhension progressive. On retrouve cela chez Proust.
- Hypotaxe : Il s'agit cette fois-ci d'une accumulation de propositions au sein d'une phrase. C'est ce qui les rend plus complexe. De plus, ça permet d'ordonner ses idées de façon logique. Ça peut être très utile pour les descriptions. Balzac et Proust emploient ce genre de figures.
- Hypotypose / Ekphrasis / Prosopopée : AH ! Ça, c'est des mots qu'on n'emploie pas dans une usine. Là, je ne donne pas d'exemple détaillés, juste des renvois à des œuvres que j'ai lu. Les trois figures sont très semblables à un détail près. L'hypotypose consiste en une description réaliste, animée et frappante d'une scène dont on veut donner l'impression qu'elle s'est déroulée sous nos yeux.
L'ekphrasis (je précise qu'on garde le terme grec parce qu'il se traduit par ''description'' ce qui fait moche) a une différence dans le choix de la description. Il s'agit d'une description d'une œuvre d'art enchâssée dans le récit même
La prosopopée, c'est également le récit d'un tableau par une figure abstraite, morte ou allégorique.
- Ironie : Il s'agit de dire le contraire de ce qu'on veut dire, généralement dans le ton de la moquerie.
- Litote / Euphémisme : Dans le même style que l'ironie, la litote implique de dire le contraire de ce qu'on pense. L'euphémisme consiste à atténuer une expression dans le but d'adoucir la réalité. Ça implique un minimum de vocabulaire pour trouver les mots pour procéder à ce genre de figure de style.
- Métalepse : Là, il s'agit de remplacer une cause par sa conséquence, un peu dans le genre d'une métonymie. Genre : ''il a perdu sa langue'', c'est une métalepse. La ''langue'' renvoie à la parole.
- Métaphore / Métaphore filée : Je me devais de les mettre ensemble. La métaphore est une comparaison mais sans l'élément de comparaison.
''Tu as la tête qui tourne''. La tête ne tourne pas sur elle-même (sauf dans l'Exorciste), c'est une image.
Et la métaphore filée reprend le principe mais elle s'étend sur plusieurs expressions.
- Métonymie / Synecdoque / Antonomase : Ces trois figures vont ensemble car elles opérent un remplacement dans la phrase. La métonymie implique un lien logique entre le mot qui est dit et celui qu'il est censé remplacer. La synecdoque est plus particulière dans le sens où le terme qui est évoqué représente une partie de ce qu'on évoque. Pour l'antonomase, on désigne un individu par une catégorie à laquelle il appartient ou bien au même type. Exemples :
- Mot-valise / Néologisme : Ce n'est pas tout à fait pareil mais le résultat est la création d'un nouveau mot. Pour le mot-valise, on prend deux mots déjà existants et on active une Polymérisation. Simple exemple : les Pokémon. Voilà, rien de plus. Sinon, dans une optique plus littéraire, il y a le ''novlangue'' de George Orwell dans 1984 qui a donné des mots comme ''télécam'', ''crimsex'' ou ''miniver''. En ce qui concerne le néologisme, c'est un mot qui apparaît dans une langue, souvent issu d'une langue étrangère.
- Onomatopée: Vous savez tous ce que c'est. Les bandes-dessinées en
regorgent, de ces petits bruits qui permettent d'ajouter un peu de sonorité dans le récit de type romancier. Exemple: "Crac, boum, hue", Jacques Dutronc, Les Playboys.
- Palilogie: C'est un peu la même chose que l'épizeuxe mais plus pour les dialogues. "Mon Dieu, mon Dieu, que cette précision était nulle." (Bloody Maiden en écrivant cet article).
- Parallélisme : Si vous n'êtes pas des buses en maths, vous pourrez reconnaître cette figure de style. Le parallélisme, comme son nom l'indique très facilement, est une figure de style qui consiste en une répétition d'une construction syntaxique, d'une longueur similaire. On juxtapose les deux phrases/vers presques identiques et ça donne ça :
- Parembole : Quelque chose qui peut être très intéressant dans une fanfiction. La parembole consiste en une sorte de parenthèse ou d'aparté. Il s'agit d'une proposition qui est intercalée dans le discours narratif pour exprimer le point de vue personnel de l'auteur ou du narrateur.
- Paronomase: Voilà quelque chose de plus intéressant. La paronomase rapproche deux paronymes (mots ayant pratiquement la même prononciation mais avec des sens différents):
"Qui se ressemble s'assemble"; "Qui vole un œuf vole un bœuf"; ... les exemples sont hyper omniprésents dans la vie quotidienne.
- Périphrase : Celle-ci est assez connue. Il s'agit de substituer un mot par sa définition ou une expression plus longue.
- Personnification : Simple à comprendre. Il s'agit d'attribuer des caractéristiques humaines à un animal ou une chose inanimée, dans le but de s'adresser à celle-ci. Figure de style qu'on pourrait rapprocher de la métonymie et de la synecdoque.
- Pléonasme / Redondance / Tautologie / Lapalissade : Celles-ci, je pense que vous en connaissez au moins deux. Je les regroupe parce que les différences sont très minimes. En gros, ce sont des phrases qui comptent des répétitions souvent identiques et qui rendent cette phrase vraie. Et il y en a énormément dans la langue de tous les jours, même chez nos hommes et femmes politiques : Voici quelques perles
- Polyptote: Encore un nom à coucher dehors. Il s'agit de la répétition d'un même mot mais avec des modifications syntaxiques.
"Tel est pris qui croyait prendre" -> On répète le verbe "prendre" mais on le conjugue aux voix actives et passives.
"Je t'aimais, je t'aime, et je t'aimerai" (Francis Cabrel) -> On conjugue le verbe "aimer".
- Polysyndète : Il s'agit de placer une conjonction de coordination en début de chaque membre de la phrase. Elle met un effet de relief sur les mots employés, voire un effet solennel. L'effet suscité chez le lecteur est l'indignation et l'intérêt. Aussi utilisable dans des discours, ce qui peut être du plus bel effet.
- Prétérition : Figure très simple mais assez lourde quand elle est employée. Il s'agit de dire quelque chose alors qu'on dit qu'on n'allait pas en parler. Ça éveille la curiosité du lecteur lorsqu'elle est employée dans un texte.
- Pronomination: Il s'agit de remplacer l'objet du discours par une périphrase. Le nom propre ou commun n'est pas prononcé par le locuteur.
- Solécisme : En général, c'est une erreur donc barbarisme donc à proscrire. Mais quand il est employé de manière plaisante, c'est une figure de style. C'est une faute de syntaxe. Et il y en a des tonnes dans notre langue :
- Syllepse: Cette figure est, à mes yeux, très chiante. Il s'agit d'une forme de discours répondant davantage à la pensée plutôt qu'aux règles grammaticales. C'est une règle qui s'apparente au barabarisme. Ça c'est poue la syllepse grammaticale. Mais la syllepse stylistique, c'est l'association du sens propre et du sens figuré d'un seul mot en même temps. L'interprétation en devient alors aléatoire.
- Zeugma : Encore un joli nom. Il s'agit de faire dépendre d'un même mots, deux termes qui ont des rapports pourtant différents. C'est une sorte d'ellipse parce qu'on sous-entend un verbe ou un adjectif qui met en lien ces deux mots. Puisque je pense que mon explication vous paume plus qu'autre chose, voici un exemple expliqué :
Je n'ai pas mis toutes les figures de style existantes, ce qui fait qu'il y aura des ajouts pour d'autres figures de style que je retrouverai d'ici là. Cet article m'a pris énormément de temps à être rédigé, et m'a potentiellement énervé étant donné que j'ai gaspillé une journée dans son intégralité pour le réaliser. J'espère que vous aurez apprécié cet article et réutilisé ces figures de style dans vos écrits. Si vous avez de questions ou des soucis quant à ma clarté d'expression pour ces explications, je suis toujours là pour y répondre, que ce soit ici ou ailleurs.
On les retrouve absolument partout. Elles servent à étoffer une narration; donner un effet comique; s'adresser au lecteur; plonger le lecteur dans un état d'incompréhension, ou au contraire, le faire s'imaginer certaines scènes. Un récit ne peut pas se passer de figures de style. C'est quelque chose d'inconcevable en soi.
Donc, si jamais vous êtes amenés à vouloir placer certains effets de style dans vos écrits, peu importe le but de cet écrit (pour le fun, pour les cours, un roman, une pièce de théâtre, un discours, un poème, ...), ce topic vous sera plus qu'utile.
J'ai classé ces figures de style par ordre alphabétique avec des exemples détaillés pour certains, moins pour d'autres parce qu'ils n'avaient pas besoin d'être exemplifiés. Je n'ai pas placé un extrait de ma propre fanfiction, si ce n'est qu'une phrase de ma préface.
Allons-y
- Accumulation / Énumération: Figure de base. On énumère pléthore d'éléments d'une même catégorie pour créer une sensation d'abondance. Voici un exemple tiré de ma préface au Démon d'un autre monde:
- Spoiler:
- "ces deux mots formant cette combinaison immonde, abjecte, répugnante, répulsive, infecte, dégoûtante, inexacte, anormale, vomitive, laxative, mortelle qu'est ''basé sur''."
- Allégorie : Il s'agit de représenter une figure abstraite sous des traits animés. On a un peu affaire à une sorte de métaphore … La plus connue est Marianne, la figure allégorique de la France ; ou bien Oncle Sam aux USA. La figure de la Mort comme une faucheuse est une allégorie.
- Allitération / Assonance: Je les mets ensemble. Celles-ci sont très connues et utilisées à foison en poésie et en théâtre. Elles permettent d'accentuer les propos tenus par l'interlocuteur et en augmente la portée. On commet souvent l'erreur de dire que l'allitération est la répétition d'une consonne et l'assonance de voyelle. Erreur ! En réalité, le jeu se fait sur les sonorités. On ne parle pas de lettres mais de sons. Exemples:
- Spoiler:
- Allitération: "versant dans la vicieusement violente et vorace violation de la volition.", V pour Vendetta : répétitions de sons en |v| dits "consonantiques"
Assonance: "Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire." Racine, Phèdre : répétition de sons en |i| dits "vocaliques"
- Allusion : Oui, c'est une figure de style. On parle de quelque chose sans pour autant le mentionner directement. Un exemple musical avec Sting dans sa chanson ''Russians'' : ''How can I save my little boy / From Oppenheimer's deathly toy ?'' Ici, l'expression ''Oppenheimer's deathly toy'' est une allusion à la bombe atomique, Oppenheimer étant désigné comme le ''père de la bombe atomique''.
- Amphigouri : Un amphigouri est un discours ou un texte délibérément confus et obscur dans un but comique. Dans le même registre, on a le galimatias et le phébus. Ou bien le charabia. L'exemple le plus célébre est le discours incompréhensible de Sganarelle dans le Médecin malgré lui de Molière.
- Anacoluthe / Anantapodoton : J'aurais bien ajouté le zeugma mais je le mets à part. L'anacoluthe désigne une rupture de construction syntaxique dans une phrase. Il n'est pas très répandu en roman, sauf si vous jouez sur une logique syntaxique. L'exemple phare nous vient de Blaise Pascal qui nous dit : ''Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait été changée.''. Le syntagme ''Le nez de Cléopâtre'' ne devrait pas tellement se trouver en début de phrase. Il y a un effet d'insistance sur ce qu'on place en début de phrase.
Et l'anantapodoton est un peu différente dans le sens où on substitue une structure syntaxique du début d'une phrase, présentant une alternative, par une formule brève.
- Spoiler:
- ''On dirait que certains ne prennent pas leur rôle à la légère ici'' (exemple personnel), sous-entendant que les autres le font.
- Anadiplose : Il s'agit ici de reprendre une construction syntaxique présente à la fin d'une phrase, et la replacer au début de la phrase suivante.
- Spoiler:
- ''Le néant a produit le vide, le vide a produit le creux, le creux a produit le souffle, le souffle a produit le soufflet et le soufflet a produit le soufflé., Paul Claudel, Le Soulier de satin, Quatrième journée, scène 2
- Analepse vs Prolepse : Je n'ai pas envie de faire deux sujets différents. Et je n'ai pas d'exemples pour. J'ai juste deux synonymes qui sont adaptés au domaine cinématographique. Pour analepse, il y a ''flashback'' et prolepse ''flashforward''. Clair à comprendre. De plus, en stylistique, la prolepse, c'est l'attribution anticipée d'une propriété à l'objet/sujet, et elle ne sera acquise qu'une fois que l'action exprimée par le verbe a été accomplie. Exemple de prolepse stylistique :
- Spoiler:
- ''Résolu d'accomplir ce cruel sacrifice, / J'y voulus préparer la triste Bérénice.'' (Racine, Bérénice) Ici, le ''triste'' renvoie à l'action de Titus qui doit avouer à Bérénice qu'il la renvoie pour pouvoir endosser parfaitement le rôle d'empereur romain.
- Anaphore: C'est une figure qui peut être très lourde quand elle n'est pas maîtrisée. Il s'agit de la répétition d'un mot ou groupe de mots en début de phrases. Elle s'applique plus en théâtre et en poésie. Exemple:
- Spoiler:
- « Rome l'unique objet de mon ressentiment !
Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant !
Rome, qui t'a vu naître, et que ton cœur adore !
Rome, enfin, que je hais parce qu'elle t'honore ! », Corneille, Horace, IV, 5
- Anastrophe : Cette figure de style ne vous dit peut être rien mais pourtant, les fans de SF devraient pouvoir reconnaître l'identité de la personne qui a pu dire ceci : ''Le côté obscur de la Force, redouter tu dois''. Ça ne vous dit rien ? Eh si, c'est bien Maître Yoda qui parle de manière anastrophique. Et donc, maintenant, vous savez ce qu'est une anastrophe : Une inversion dans la construction de la phrase.
- Antanaclase: Celui-là, je l'adore. Il s'agit de la répétition d'un mot dans une phrase, sauf que celui-ci a une définition différente. L'exemple le plus célèbre provient des Pensées de Pascal: "Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas.'' Le mot "raison" a ici deux significations distinctes.
- Antilogie : Plus adapté dans un registre oral mais qui peut se révéler très sympa quand il s'agit d'imposer un registre comique. Comme son nom l'indique un peu, il s'agit d'une contradiction entre deux idées dans une même phrase.
- Spoiler:
- ''Il est interdit d'interdire.'' (Jean Yanne) ; ''Mon Dieu, mon Dieu, délivrez nous de toutes les religions. (Guy Bedos) ; ''Moi ! Je dis toujours la vérité ! Et même quand je mens c'est vrai !'' (Scarface)
- Antimétabole : C'est une sorte de chiasme mais la définition est en partie différente. Elle consiste en une répétition de mots apparaissant en début de phrase à la fin de celle-ci mais avec un sens qui lui, est, totalement différent d'une partie à l'autre. C'est une figure de style qui joue sur l'élocution (la façon dont on s'exprime).
- Spoiler:
- ''Rien ne verra plus, je ne verrai plus rien'', Victor Hugo
''C'est pas une image juste, c'est juste une image'', Jean-Luc Godard
''J'ai mené une vie de chien, non pas une chienne de vie'', Georges Bernarnos
- Antiphrase : Similaire à l'ironie ou l'euphémisme qui seront étudiées plus tard, l'antiphrase consiste à exprimer une phrase positive tout en sous-entendant le contraire. C'est assez sympa de la placer dans des passages très ironiques.
- Spoiler:
- ''C'est très intelligent ce que tu dis.'' alors que dans la tête, on pense ''Mais tu es complètement con''.
''Sans mentir (…)
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois'', La Fontaine, Fables
Ici, on flatte l'interlocuteur (en l'occurence, le corbeau) de façon très hypocrite, au delà de la litote
- Antithèse / Oxymore : Deux figures d'opposition très semblables. L'antithèse consiste en un rapprochement de deux termes opposés. L'oxymore est plus compliqué, car il consiste en une juxtaposition de deux termes opposés.
- Spoiler:
- ''Ferme ta gueule ! Dis-leur bien !'', David Lopez (antithèse)
''Cette obscure clarté qui tombe des étoiles'', Corneille, Le Cid, IV, 3
- Antonomase : Plutôt simple et très courant dans la vie de tous les jours. Il s'agit d'employer un nom propre en tant que nom commun, ou inversement. On a ça dans les marques publicitaires, les unités de mesures physique, des inventeurs, etc …
- Spoiler:
- ''un dom Juan'', ''une poubelle'', ''un bordeaux'', ''ampère'', ''ohm'', ''vandales'' …
''Ce sont des tartufes'', Jean-Luc Mélenchon
- Aposiopèse : Alors, celle-là, je ne suis pas sûr que vous la connaissez. Cette figure de style consiste en une suspension du sens de la phrase. Le lecteur doit alors la compléter. Elle révèle une émotion ou une allusion qui se traduit par une rupture du discours. C'est comme si le personnage se retenait de parler. Et pour ça, rien de mieux que ces chers points de suspension qu'affectionne votre Bloody.
- Spoiler:
- ''Moi, qui mourrais le jour qu'on voudrait m'interdire
De vous... ''
Racine, Bérénice, II, 4
''Tu vas ouïr le comble des horreurs.
J'aime... À ce nom fatal, je tremble, je frissonne.
J'aime...''
Racine, Phèdre
- Apostrophe : C'est une figure de rhétorique très théâtrale. En gros, c'est une interpellation d'une personne. Exemple : ''Messieurs ! En joue ! Feu !''
- Chiasme : Très connu. Il consiste en un croisement d'éléments dans une phrase sur un modèle ABB'A' (je tue le premier qui me fait une remarque sur le groupe de musique). Cela permet d'établir des parallèles ou de souligner une union ou une antithèse dans une phrase. Et il y a des variantes grammaticales, sémantiques, phonétiques, ergatif et multiples :
- Spoiler:
- Grammatical : ''La neige fait au nord ce qu'au sud fait le sable'', Victor Hugo
Sémantique : ''Un roi chantait en bas, en haut mourrait un dieu.'', Victor Hugo (et même chiasme multiple)
Phonétique : ''Je préfère les assauts des pique-assiettes aux assiettes de Picasso'', Jean Cocteau
Ergatif : ''Et osent les vaincus les vainqueurs dédaigner'', Joachim Du Bellay / vaincus et vainqueurs sont les deux voix (passive et active) de la victoire, tandis que les extrêmes sont des verbes
- Cliché : Aussi une figure de style. Répétition d'une image ou d'une tournure très prévisible dans le domaine littéraire et artistique : ''Une chevelure de feu'' pour désigner une rousse
- Comparaison : Sans doute la plus basiques des figures de style. Je crois que je ne vais pas m'attarder et que trois exemples vous suffiront.
- Spoiler:
- ''La Terre est bleue comme une orange'', Éluard ; ''Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne'', Baudelaire ; ''Bloody est habillée comme une lolita gothique'', Honest
- Digression : C'est assez simple à comprendre. Il s'agit d'un changement temporaire de sujet en plein récit, pour faire intervenir le narrateur/auteur ou bien quelque chose qui se déroule en parallèle. C'est utile parce que ça permet de faire des pauses dans le fil des événements, d'aménager des divertissements, de l'ironie ou un commentaire de l'auteur. En gros, une digression, c'est un moment où l'auteur s'adresse directement au lecteur pour lui expliquer certaines choses. Le maître en la matière est Honoré de Balzac qui, dans la plupart de ses romans, trouve l'astuce pour placer trois pages pour décrire un simple meuble. Un autre roman qui recèle de digressions, c'est Jacques le fataliste et son maître de Diderot.
- Ellipse / Brachylogie : Au niveau grammatical, l'ellipse correspond à une omission d'un ou de plusieurs éléments qui devraient être nécessaires pour la compréhension du texte, dans une optique de raccourci. Et en narratologie, l'ellipse, c'est une accélération dans la narration (passer une année en un chapitre par exemple).
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- Exemple d'ellipse grammaticale : ''Pris ou non, exécuté ou non, peu importait'', Malraux.
Ici, le ''non'' occasionne une ellipse des verbes ''prendre'' et ''exécuter''.
- Énallage : C'est une faute de grammaire en gros. On remplace un mot par un mot d'une catégorie grammaticale différente mais qui donne toujours du sens à la phrase. Les exemples seront plus convaincants je pense. Ça montre une certaine idée de légèreté dans la langue principalement orale.
- Spoiler:
- ''discuter ferme'' au lieu de ''discuter fermement'' / ''une fenêtre grande ouverte'' / ''Il a bien mangé ?'' adressé à une personne qui se trouve face à soi plutôt que d'employer le ''vous''.
- Épanaphore: Y a "anaphore" donc c'est semblable. En fait, c'est une répétition qui se prête plus en rhétorique. On répète des groupes de mots en début de phrase tout en conservant la même construction de la phrase.
- Spoiler:
- "On tue un homme : on est un assassin. On en tue des millions : on est un conquérant. On les tue tous : on est un Dieu.", Jean Rostand
- Épanadiplose: Il s'agit d'une répétition d'un mot en début et fin de proposition. L'effet produit est visuel. Exemple: « L'homme peut guérir de tout, non de l'homme. », Georges Bernanos, Nous autres Français
- Épanorthose : Je sais que le préfixe en ''épan-'' est gonflant mais ça vient des Grecs. Ici, elle peut être très précieuse dans un discours ou surtout dans une description. Il s'agit de corriger une affirmation que le narrateur / locuteur en y ajoutant quelque chose de plus frappant. Ça permet donc d'insister sur ce qu'on veut dire. L'exemple le plus célèbre est
- Spoiler:
- ''C'est un roc ! C'est un pic ! C'est un cap ! Que dis-je, c'est un cap ? C'est une péninsule !'', Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac
- Épiphore : C'est l'inverse d'une anaphore. Au lieu d'une répétition en début de phrase, l'épiphore survient en fin de phrase. Je n'ai pas d'exemple parce que c'est obvious.
- Épizeuxe: Un nom qui vous fait penser "WHAT THE F**K ?" mais qui est on ne peut plus simple. Un exemple est plus simple que des mots:
"Cet article est pénible à écrire, je le sais, je le sais" (Bloody Maiden devant son ordi)
Voilà ... ce qui est souligné devrait vous permettre de comprendre ce qu'est l'épizeuxe. C'est pas si compliqué que ça, ça donne un effet d'emphase et d'insistance sur la phrase.
- Gradation : C'est un peu le même principe d'une accumulation mais, comme l'étymologie du mot le montre, le préfixe ''grad-'' indique qu'il y a une escalade de l'intensité. En effet, la gradation exprime une intensité soit positive soit négative.
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- ''C'est un roc ! C'est un pic ! C'est un cap ! Que dis-je, c'est un cap ? C'est une péninsule !'', Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac
''Je vous aurais suivi mon frère, mon capitaine, mon roi'' Boromir, Le Seigneur des Anneaux – La Communauté de l'Anneau.
''Laisse-moi devenir l'ombre de ton ombre / L'ombre de ta main / L'ombre de ton chien'', Jacques Brel, Ne Me Quitte Pas.
- Homéotéleute: Celui-là, on ne l'entend pas souvent :3 Mais il donne une touche de poésie à votre texte. En fait, il s'agit de la répétition d'un même son en fin de phrase ou groupe de phrase. Il s'applique à peu près partout, que ce soit en littérature, en rhétorique, en musique ou même en publicité:
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- "Un jour de canicule sur un véhicule où je circule, gesticule un funambule au bulbe minuscule", Raymond Queneau, Exercices de style
"Moi je suis Rascar Capac et je t'attaque avec mon Mac / La vie une chausse-trappe, pas de quartier quand les lyrics frappent", Stupeflip, Stupeflip Vite !!!
- Hypallage : Utilisée en rhétorique, une hypallage désigne une construction de mots où deux termes sont reliés syntaxiquement, plutôt que d'être reliés à un troisième. Exemple tiré du sport :
- Spoiler:
- ''L'équipe marqua le seul but du match sur coup de pied arrêté.'' Qu'est-ce qui est arrêté ?
Quand on ne connaît pas le langage sportif (en l'occurrence plutôt footballistique). Le ''coup de pied'' est un mouvement en lui-même ; mais il reçoit le qualificatif qui convient au jeu, c'est-à-dire qu'il a été arrêté pour laisser place à un coup de pied style coup-franc ou corner.
- Hyperbate : L'hyperbate est une figure de style qui consiste à séparer deux mots qui seraient assemblés en temps normal, en intercalant plusieurs autres mots. En gros, c'est un prolongement de la phrase. On met un mot en relief en le rejettant à la fin. Figure assez rare et difficile à mettre en place dans un roman.
- Spoiler:
- ''Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !'', Paul Verlaine, Sagesse
''Quelques braves gens mourraient, dont c'était le métier'', Marguerite Yourcenar, L'œuvre au noir
- Hyperbole : C'est une amplification poussée parfois à l'extrême. Pour les descriptions, c'est très intéressant parce que ça permet de renforcer les traits d'une personne.
Exemple : ''avoir la peau sur les os'', ''mourir de soif'', ''c'est un géant'' (pour dire de quelqu'un qu'il est très grand), ''un dieu vivant''
- Hyperhypotaxe : Alors … si vous utilisez cette figure de style, c'est à vos risques et périls face à un lecteur averti. En gros, il s'agit de remplir sa phrase de subordonnées, le tout avec une certaine incompréhension progressive. On retrouve cela chez Proust.
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- ''Le jeune homme que je vois en train de causer devant la gare Saint-Lazare avec un camarade qui semble lui suggérer de faire ajouter un bouton à l'échancrure de son pardessus, et en qui je crois reconnaître le passager au long cou que je remarquai, il y a deux heures, dans l'autobus «S» parce que juste avant que ne se libère une place et qu'il ne s'y précipite, --- il avait attiré mon attention à cause du ton pleurnichard qu'il empruntait pour reprocher à son voisin de le bousculer chaque fois que quelqu'un descendait du véhicule, portait-il vraiment déjà à l'arrêt cet étonnant chapeau entouré d'une cordelette tressée?'', Raymond Queneau
- Hypotaxe : Il s'agit cette fois-ci d'une accumulation de propositions au sein d'une phrase. C'est ce qui les rend plus complexe. De plus, ça permet d'ordonner ses idées de façon logique. Ça peut être très utile pour les descriptions. Balzac et Proust emploient ce genre de figures.
- Spoiler:
- ''Il rajusta son col et son gilet de velours noir sur lequel se croisait plusieurs fois une de ces grosses chaînes d'or fabriquées à Gênes ; puis, après avoir jeté par un seul mouvement sur son épaule gauche son manteau doublé de velours en le drapant avec élégance, il reprit sa promenade sans se laisser distraire par les œillades bourgeoises qu'il recevait. Balzac, Gambara''
- Hypotypose / Ekphrasis / Prosopopée : AH ! Ça, c'est des mots qu'on n'emploie pas dans une usine. Là, je ne donne pas d'exemple détaillés, juste des renvois à des œuvres que j'ai lu. Les trois figures sont très semblables à un détail près. L'hypotypose consiste en une description réaliste, animée et frappante d'une scène dont on veut donner l'impression qu'elle s'est déroulée sous nos yeux.
L'ekphrasis (je précise qu'on garde le terme grec parce qu'il se traduit par ''description'' ce qui fait moche) a une différence dans le choix de la description. Il s'agit d'une description d'une œuvre d'art enchâssée dans le récit même
La prosopopée, c'est également le récit d'un tableau par une figure abstraite, morte ou allégorique.
- Spoiler:
- Hypotypose : Le ''songe d'Athalie'' dans l'acte II, Scène 5 d'Athalie de Racine
Ekphrasis : La description jouissive du Bouclier d'Achille dans le chapitre XVIII de l'Iliade d'Homère
Prosopopée : La prosopopée de Melpomène dans le Livre I des Tragiques d'Agrippa d'Aubigné
- Ironie : Il s'agit de dire le contraire de ce qu'on veut dire, généralement dans le ton de la moquerie.
- Spoiler:
- ''Quelle belle journée'' alors qu'il pleut dehors. / ''Tu ne comptes pas ranger ta chambre ?, dit une mère à son fils en voyant le capharnaüm qui règne dans sa chambre
- Litote / Euphémisme : Dans le même style que l'ironie, la litote implique de dire le contraire de ce qu'on pense. L'euphémisme consiste à atténuer une expression dans le but d'adoucir la réalité. Ça implique un minimum de vocabulaire pour trouver les mots pour procéder à ce genre de figure de style.
- Spoiler:
- Litote : ''Il n'est pas complètement stupide.'' : Sens immédiat : On comprend qu'il n'est pas une flèche mais il a tout de même des remarques intelligentes. Litote : il est très intelligent !
Euphémisme : ''Il a passé l'arme à gauche.'' pour dire qu'une personne est morte.
- Métalepse : Là, il s'agit de remplacer une cause par sa conséquence, un peu dans le genre d'une métonymie. Genre : ''il a perdu sa langue'', c'est une métalepse. La ''langue'' renvoie à la parole.
- Spoiler:
- En narratologie par contre, d'après Gérard Genette, la métalepse dite rhétorique est un procédé par lequel un récit se sépare d'un autre, tout en étant contenu à l'intérieur. En faisant quelques recherches, je suis tombé sur un exemple assez célèbre, celui de la nouvelle Continuité des parcs de Julio Cortázar, dans lequel un personnage lit un livre qui relate l'histoire d'une femme adultère dont l'amant va tuer le mari, mari qui se révèle être le personnage qui lit la nouvelle. (Je spoile ok mais c'est un exemple). Mais cela constitue une faute dans les codes diégétiques et métadiégétiques.
- Métaphore / Métaphore filée : Je me devais de les mettre ensemble. La métaphore est une comparaison mais sans l'élément de comparaison.
''Tu as la tête qui tourne''. La tête ne tourne pas sur elle-même (sauf dans l'Exorciste), c'est une image.
Et la métaphore filée reprend le principe mais elle s'étend sur plusieurs expressions.
- Spoiler:
- ''Adolphe essaie de cacher l'ennui que lui donne ce torrent de paroles, qui commence à moitié chemin de son domicile et qui ne trouve pas de mer où se jeter'', Balzac, Petites misères de la vie conjugale.
La métaphore filée fondée sur le ''torrent de paroles'' (analogie du dékappa de l'eau avec celui des paroles) et finissant son image sur le terme de ''mer'' s'étend ici sur une phrase.
- Métonymie / Synecdoque / Antonomase : Ces trois figures vont ensemble car elles opérent un remplacement dans la phrase. La métonymie implique un lien logique entre le mot qui est dit et celui qu'il est censé remplacer. La synecdoque est plus particulière dans le sens où le terme qui est évoqué représente une partie de ce qu'on évoque. Pour l'antonomase, on désigne un individu par une catégorie à laquelle il appartient ou bien au même type. Exemples :
- Spoiler:
- Métonymie : Mon ordinateur n'a plus de batterie. (s-e ''il est déchargé'')
Synecdoque : Voile à tribord. (s-e ''Il y a un bateau à tribord'')
Antonomase : L'émancipation de la femme (s-e ''toutes les femmes'')
- Mot-valise / Néologisme : Ce n'est pas tout à fait pareil mais le résultat est la création d'un nouveau mot. Pour le mot-valise, on prend deux mots déjà existants et on active une Polymérisation. Simple exemple : les Pokémon. Voilà, rien de plus. Sinon, dans une optique plus littéraire, il y a le ''novlangue'' de George Orwell dans 1984 qui a donné des mots comme ''télécam'', ''crimsex'' ou ''miniver''. En ce qui concerne le néologisme, c'est un mot qui apparaît dans une langue, souvent issu d'une langue étrangère.
- Onomatopée: Vous savez tous ce que c'est. Les bandes-dessinées en
regorgent, de ces petits bruits qui permettent d'ajouter un peu de sonorité dans le récit de type romancier. Exemple: "Crac, boum, hue", Jacques Dutronc, Les Playboys.
- Palilogie: C'est un peu la même chose que l'épizeuxe mais plus pour les dialogues. "Mon Dieu, mon Dieu, que cette précision était nulle." (Bloody Maiden en écrivant cet article).
- Parallélisme : Si vous n'êtes pas des buses en maths, vous pourrez reconnaître cette figure de style. Le parallélisme, comme son nom l'indique très facilement, est une figure de style qui consiste en une répétition d'une construction syntaxique, d'une longueur similaire. On juxtapose les deux phrases/vers presques identiques et ça donne ça :
- Spoiler:
- ''Tu dis que tu aimes les fleurs et tu leur coupes la queue,
Tu dis que tu aimes les chiens et tu leur mets une laisse,
Tu dis que tu aimes les oiseaux et tu les mets en cage,
Alors quand tu dis que tu m'aimes, moi j'ai un peu peur., Jean Cocteau
- Parembole : Quelque chose qui peut être très intéressant dans une fanfiction. La parembole consiste en une sorte de parenthèse ou d'aparté. Il s'agit d'une proposition qui est intercalée dans le discours narratif pour exprimer le point de vue personnel de l'auteur ou du narrateur.
- Spoiler:
- ''Sur ce bureau constitué d'une plaque de verre fixée à une structure métallique, cette personne est en train de taper sur son clavier d'ordinateur un article assez long pour des gens, que je trouve ma foi fort sympathique et agréables lorsqu'il s'agit d'entretenir un verbe, un peu à la manière d'un bourreau de travail qui joue les professeurs de lettres.''
- Paronomase: Voilà quelque chose de plus intéressant. La paronomase rapproche deux paronymes (mots ayant pratiquement la même prononciation mais avec des sens différents):
"Qui se ressemble s'assemble"; "Qui vole un œuf vole un bœuf"; ... les exemples sont hyper omniprésents dans la vie quotidienne.
- Périphrase : Celle-ci est assez connue. Il s'agit de substituer un mot par sa définition ou une expression plus longue.
- Spoiler:
- Le billet vert : le dollar / la Perfide Albion : l'Angleterre / le Roi Soleil : Louis XIV / les forces de l'ordre : la police
- Personnification : Simple à comprendre. Il s'agit d'attribuer des caractéristiques humaines à un animal ou une chose inanimée, dans le but de s'adresser à celle-ci. Figure de style qu'on pourrait rapprocher de la métonymie et de la synecdoque.
- Spoiler:
- ''Les branches des arbres hurlaient sous l'effet du vent.'' → Le verbe ''hurler'' qui désigne ici, par métaphore, le bruit du vent, est associé aux cris de l'homme.
- Pléonasme / Redondance / Tautologie / Lapalissade : Celles-ci, je pense que vous en connaissez au moins deux. Je les regroupe parce que les différences sont très minimes. En gros, ce sont des phrases qui comptent des répétitions souvent identiques et qui rendent cette phrase vraie. Et il y en a énormément dans la langue de tous les jours, même chez nos hommes et femmes politiques : Voici quelques perles
- Spoiler:
- ''J'ai une politique étrangère axée sur l'étranger'', Mac-Mahon
''Si nous ne réussissons pas, nous échouerons'', Sarkozy
''La plupart de nos importations viennent de l'extérieur du pays.'', George W. Bush
''Je suis favorable à un septennat de sept ans'', Chirac
''Les jeunes sont destinés à devenir des adultes'', Raffarin
''Le vol des portables à l'arraché, ça n'existait pas avant que les portables n'existent'', Morano
- Polyptote: Encore un nom à coucher dehors. Il s'agit de la répétition d'un même mot mais avec des modifications syntaxiques.
"Tel est pris qui croyait prendre" -> On répète le verbe "prendre" mais on le conjugue aux voix actives et passives.
"Je t'aimais, je t'aime, et je t'aimerai" (Francis Cabrel) -> On conjugue le verbe "aimer".
- Polysyndète : Il s'agit de placer une conjonction de coordination en début de chaque membre de la phrase. Elle met un effet de relief sur les mots employés, voire un effet solennel. L'effet suscité chez le lecteur est l'indignation et l'intérêt. Aussi utilisable dans des discours, ce qui peut être du plus bel effet.
- Spoiler:
- ''Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne... '', Charles Baudelaire, Les Bijoux
- Prétérition : Figure très simple mais assez lourde quand elle est employée. Il s'agit de dire quelque chose alors qu'on dit qu'on n'allait pas en parler. Ça éveille la curiosité du lecteur lorsqu'elle est employée dans un texte.
- Spoiler:
- ''Je crois qu'il est inutile de vous dire que Lady Bloody Maiden est une tueuse psychopathe et anthropophage'' / '' Je n'ai aucune envie de vous dire que certains ne savent pas écrire et qu'il serait vraiment bon pour eux de s'attarder sur ce que j'écris pour eux''
- Pronomination: Il s'agit de remplacer l'objet du discours par une périphrase. Le nom propre ou commun n'est pas prononcé par le locuteur.
- Spoiler:
- ''Celui qui n'a jamais été seul / Au moins une fois dans sa vie'', Garou, Seul.
''Celui qui a crée en six jours le soleil qui fait vivre sur terre toutes choses, le beau ciel d'azur et les étoiles qui luisent au firmament...'' : Dieu est désigné ici avec une périphrase
- Solécisme : En général, c'est une erreur donc barbarisme donc à proscrire. Mais quand il est employé de manière plaisante, c'est une figure de style. C'est une faute de syntaxe. Et il y en a des tonnes dans notre langue :
- Spoiler:
- ''Si j'aurais su, j'aurais pas venu'', La Guerre des Boutons
''J'habite sur Paris'', alors qu'il faudrait employer ''à Paris''.
''Se rappeler de quelque chose'', alors qu'il faut dire ''se rappeler quelque chose'' (verbe transitif direct)
- Syllepse: Cette figure est, à mes yeux, très chiante. Il s'agit d'une forme de discours répondant davantage à la pensée plutôt qu'aux règles grammaticales. C'est une règle qui s'apparente au barabarisme. Ça c'est poue la syllepse grammaticale. Mais la syllepse stylistique, c'est l'association du sens propre et du sens figuré d'un seul mot en même temps. L'interprétation en devient alors aléatoire.
- Spoiler:
- Syllepse stylistique : ''Je punis un fils autant que je le chéris, car je suis un père.'' On joue sur les deux sens du mot ''père'', à savoir le père parent et l'affection paternelle.
Syllepse grammaticale : ''Une personne me disait un jour qu'il n'avait plus envie de reproduire les mêmes erreurs de jeunesse.'' Ici, le mot personne est féminin, mais on attribue le genre connu de cette personne, même si on ne veut pas la nommer
- Zeugma : Encore un joli nom. Il s'agit de faire dépendre d'un même mots, deux termes qui ont des rapports pourtant différents. C'est une sorte d'ellipse parce qu'on sous-entend un verbe ou un adjectif qui met en lien ces deux mots. Puisque je pense que mon explication vous paume plus qu'autre chose, voici un exemple expliqué :
- Spoiler:
- ''Vêtu de probité candide et de lin blanc'', Victor Hugo, Booz endormi
Ici, ''probité candide'' et ''lin blanc'' présentent une différence dans les registres sémantiques. La probité est une notion abstraite tandis que le lin est matériel. Ces deux propositions sont reliées par le verbe ''vêtir'', ici, sous sa forme participiale. Les deux expressions sont ''attelées'' au même mot.
Je n'ai pas mis toutes les figures de style existantes, ce qui fait qu'il y aura des ajouts pour d'autres figures de style que je retrouverai d'ici là. Cet article m'a pris énormément de temps à être rédigé, et m'a potentiellement énervé étant donné que j'ai gaspillé une journée dans son intégralité pour le réaliser. J'espère que vous aurez apprécié cet article et réutilisé ces figures de style dans vos écrits. Si vous avez de questions ou des soucis quant à ma clarté d'expression pour ces explications, je suis toujours là pour y répondre, que ce soit ici ou ailleurs.
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